Beaucoup de concepts scientifiques que l'on voudrait idéologiquement neutres et objectifs sont en fait chargés de toutes sortes de valeurs et d'imaginaires. Il est très compliqué de s'en débarrasser car bien souvent ces imaginaires et ces valeurs sont suggérés par les mots mêmes qui désignent les phénomènes que l'on voudrait décrire. Le simple fait d'utiliser ces mots orientera déjà un peu notre regard.
En particulier l'"Évolution" évoque un énorme jeu de massacre sans pitié dirigée par la "Sélection Naturelle". Dans l'idée de "sélection naturelle", on voit d'abord l'organisme évoluant comme soumit à une instance supérieure qui validera ou rejettera ses propositions. C'est un examen permanent où, dans le pire des cas de mauvais résultat, l'organisme candidat sera totalement supprimé. La "Sélection Naturelle" est l'autorité sans pitié qui ne gardera que les meilleurs éléments pour que l'entreprise soit compétitive. On voit clairement ici comment les mots sont chargés idéologiquement et induiront inconsciemment certaines conceptions de la vie. En l'occurrence, un cauchemar ultralibéraliste sauvage absolu.
Je pense qu'il y a des moyens de voir et de décrire le phénomène de l'évolution d'une façon moins belliqueuse. Ce qui nous aiderait peut-être à développer un rapport au monde moins destructeur.
Si l'on désire réfléchir sur "la vie comme elle va" il me semble que l'on ne peut pas faire l'économie d'une profonde réflexion sur les mots et sur les imaginaires qui leurs sont de près ou de loin rattaché, car on ne peut pas agir sur le monde sans commencer par le décrire, le parler, le conceptualiser.
François Jacob, dans "Le Jeu des Possibles", parle pour l'évolution de "bricolage" dans le sens ou rien n'est prémédité, aucun plan n'a été établi par avance (comme pour le travail de l'ingénieur) et tout est créé à partir de ce qui était là avant. Mais cette image me gêne encore, car même si ce bricoleur se laisse porter par les opportunités, c'est toujours dans notre imagination l'image d'une conscience dirigeante (même à très court terme) qui s'impose. Et en fin de compte c'est encore la "Sélection Naturelle" qui validera ou rejettera sans états d'âme les propositions du bricoleur.
Ça pose encore problème de dire par exemple que le cours des choses est "indifférent" à notre sort, ça laisse un peu entendre que celui-ci a des préoccupations supérieures et que nous ne sommes que des moyens parmi d'autres pour atteindre un but qui nous dépasse.
On gagnerait bien sûr à décrire l'évolution autrement, associer un autre imaginaire à cette dynamique.
Une image me vient à l'esprit qui pourrait m'aider à ressentir le phénomène de l'évolution biologique autrement :
Le ruisseau, puis la rivière, puis le fleuve, avancent dans le sens où ça coule le mieux, là où il y aura le moins de résistances. Une succession d'obstacles, d'inclinaisons, de resserrements, d'infiltrations et autres évènements topographiques détermineront le dessin du parcours, le débit, l'étalement et la mer où ce cours d'eau prendra fin. Aucune guerre là-dedans, aucune tyrannie, juste de l'eau qui coule, dont la forme et le mouvement se modifient selon l'environnement et qui du même coup modifie aussi cet environnement. Voir l'évolution sous cet angle-là est infiniment plus apaisant, il me semble. Une évolution ruisselante.
Cette image pourrait être bien mieux développé et le même principe pourrait être appliqué à beaucoup d'autres choses. Je crois de plus en plus qu'on ne pensera jamais la politique intelligemment si l'on ne réfléchit pas d'abord à l'imaginaire, à la perception, aux grilles de lectures à plusieurs étages.
La culture est toujours en amont de la politique.
Une introduction
Vous entrez ici dans un espace
de cogitation et de bricolage anarcho-mutagene.
Un espace expérimental et théorique pour mettre un peu de sens dessus dessous salutaire dans ce monde malade.
Un champ de bataille conceptuel pour abattre toutes les frontières et révéler la beauté du chaos en tachant d’imaginer quels nouveaux mondes en faire émerger.
Dans ce blog la panique est totale, on démolit les repères avec enthousiasme, tout se mélange joyeusement : l’humanité et l’animalité, la femme et l’homme, le minéral, le végétal et l’animal, le haut et le bas, le nord et le sud, le yin et le yang, le naturel et l’artificiel, le bien et le mal, le beau et le laid, le corps et l’esprit, le dedans et le dehors, la grande danse organique d’un monde qui respire.
Après la tempête, s’il reste encore quelques grandes Valeurs debout ce seront celles de l’instable, du mutant, du bâtard, du mouvant, du transformé, du contaminé, de l’impur, de l’altéré, de l’ambiguë, de l’impermanent, du monstre, du transversal, du modifié, de la belle confusion, du contre-nature qui contrarie le bon sens et fait à tout instant de l’autre chose - du devenir.
Sans jamais perdre de vue, outre le fait que tout cela est extrêmement beau, qu’il s’agit d’un chambardement hautement politique.
Ce monde est malade parce qu’il se rêve stable, équilibré et ordonné, alors qu’il n’existe rien de tel dans cet univers.
Nos sociétés sont malade parce qu’elles veulent s’asseoir sur de l’immuable alors qu’il n’en existe nulle part.
Un monde, c'est, avant tout, ce qui émerge entre notre regard et le réel. Et la perception est un commencement d'action.
Pour "changer le monde", il faut commencer par là.
Sans oublier, bien sûr, la pratique de l’émeute occasionnelle, avant tout par hygiène morale.
de cogitation et de bricolage anarcho-mutagene.
Un espace expérimental et théorique pour mettre un peu de sens dessus dessous salutaire dans ce monde malade.
Un champ de bataille conceptuel pour abattre toutes les frontières et révéler la beauté du chaos en tachant d’imaginer quels nouveaux mondes en faire émerger.
Dans ce blog la panique est totale, on démolit les repères avec enthousiasme, tout se mélange joyeusement : l’humanité et l’animalité, la femme et l’homme, le minéral, le végétal et l’animal, le haut et le bas, le nord et le sud, le yin et le yang, le naturel et l’artificiel, le bien et le mal, le beau et le laid, le corps et l’esprit, le dedans et le dehors, la grande danse organique d’un monde qui respire.
Après la tempête, s’il reste encore quelques grandes Valeurs debout ce seront celles de l’instable, du mutant, du bâtard, du mouvant, du transformé, du contaminé, de l’impur, de l’altéré, de l’ambiguë, de l’impermanent, du monstre, du transversal, du modifié, de la belle confusion, du contre-nature qui contrarie le bon sens et fait à tout instant de l’autre chose - du devenir.
Sans jamais perdre de vue, outre le fait que tout cela est extrêmement beau, qu’il s’agit d’un chambardement hautement politique.
Ce monde est malade parce qu’il se rêve stable, équilibré et ordonné, alors qu’il n’existe rien de tel dans cet univers.
Nos sociétés sont malade parce qu’elles veulent s’asseoir sur de l’immuable alors qu’il n’en existe nulle part.
Un monde, c'est, avant tout, ce qui émerge entre notre regard et le réel. Et la perception est un commencement d'action.
Pour "changer le monde", il faut commencer par là.
Sans oublier, bien sûr, la pratique de l’émeute occasionnelle, avant tout par hygiène morale.
mercredi 1 août 2007
Pour une évolution ruisselante
En lisant des articles de vulgarisation sur l'évolution biologique, j'ai été frappé par la récurrence de termes belliqueux pour décrire les processus en oeuvre. Une pareille lecture de l'histoire de la vie n'aide certainement pas à avoir un rapport serein au monde. Puisque les technologies du vivant et leurs idéologues jusqu'au-boutistes, les transhumanistes, veulent prendre la relève de la "Sélection Naturelle" ils adoptent du même coup le cynisme qu'ils prêtent à cette dernière.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire